Si je remonte dans le temps, je m'aperçois que je n'ai jamais compris le fonctionnement de mon coeur. Ca n'est donc pas, comme je le croyais, un sentiment récent.

L'amour a commencé pour moi avec un certain Tristan. Je n'ai jamais su être Iseult... J'étais si jeune alors, une gamine... Je l'aimais, je crois. Je me souviens, à cette époque déjà je ne pouvais dire si j'aimais... Toujours est-il qu'il m'aimait aussi, et me présentait comme "son amoureuse". Des souvenirs précis refont surface. Un jour, nous étions assis l'un à côté de l'autre, et il m'a prise par les épaules, m'a rapprochée de lui. J'ai pensé que la position était inconfortable [Depuis toujours, lorsqu'on me fait un câlin, c'est la seule pensée qui me vienne à l'esprit...], je me suis raidie, aussi. C'est arrivé plusieurs fois, et j'ai toujours réagi pareil... Un autre jour, il était assis sur un banc, et moi sur ses genoux. Je n'étais pas bien, pas à l'aise. Je ne sais pas pourquoi. Il voulait que je l'embrasse. Je fixais ses lèvres, modélisait l'image dans ma tête... et puis... refusais. Il insistait, mais je ne pouvais pas...

C’est la première fois que j’écris ça, que je remonte aussi loin… J’avais peur de le faire, je crois, peur de me rendre compte que j’ai toujours été ainsi… Cette histoire s’est terminée, je ne sais plus très bien comment. Mais lui et moi sommes devenus presque ennemis, après.

Quelques temps plus tard j’aimais – c’est si dur – un ami d’amie, que je ne connaissais que par Internet. Pendant neuf mois, je crois… un peu moins, peut-être… nous nous sommes aimés. Je crois qu’à ce moment-là, j’aimais réellement, simplement. Je me rappelle, une fois je me promenais avec deux amies, et soudain je m’arrêtai, m’allongeai dans l’herbe et fixai les nuages, pour y déchiffrer un message qu’il m’aurait envoyé, et lui répondre…

L’amour, ça doit être ça. Sauf qu’il manquait un élément indispensable… l’être aimé. J’ai appris au bout de neuf mois qu’il n’existait pas, n’était autre que l’invention d’une de mes amies… Mon cœur se brisa en ce mois de juin 2001…

Et depuis, je n’ai pas réussi à recoller tous les morceaux… Et depuis, je n’ai jamais aimé… [C’est pour ça… que je ne fais pas confiance… que j’ai peur… Et que je m’en veux…]

Parce que je ne sais pas ce que c’est, l’amour. Je ne l’ai jamais vécu. Alors dès qu’un homme me tend la main, me regarde, me livre son cœur ou écoute le mien… Dès qu’une personne me fait exister quelques instants, me montre que je vaux aussi pour ce que je suis et montre si rarement… C’est tellement inhabituel, que je « tombe amoureuse ». [Ca me fait si mal d’écrire ça… Mais c’est si vrai…]

Je croyais qu’on le sentait, quand on aimait. Que je le sentirais…

Quelqu’un m’a demandé récemment « Tu n’as jamais été amoureuse ?! »… et je crois qu’après hésitation, j’ai répondu que si… Mais je me demande si c’était vrai… Si la réponse n’est pas plutôt « Non… ». Je ne pourrais vraiment pas dire. Parce que je ne comprends même pas le sens du mot aimer.

J’ai une boule au fond de la gorge. Je ne me sens jamais aussi seule que lorsque je me perds dans ce mal-être si présent en ce moment…

Le temps passe à une vitesse folle, bientôt j’aurai un an de plus. Une année encore, que je suis égarée, morose, mais surtout seule, seule avec mes craintes, mes faiblesses, mes tourments… Seule avec moi-même, que je ne peux plus supporter… Et personne pour me serrer contre sa poitrine,  me consoler par une simple présence, me rassurer, m’écouter, me comprendre… Personne pour adoucir mon quotidien, pour m’aider à vivre… à survivre. Personne pour sécher mes larmes, comme j’en aurais tellement besoin en ce moment précis… Personne pour m’aimer, simplement. Et je me hais tellement de ne pas me comprendre, de ne pas savoir écouter et déchiffrer le langage de mon cœur… De rage et de désespoir, je tente de me soulager en le torturant, le blessant, le saignant… Qui peut… imaginer combien je souffre ?... [L’égoïsme du désespéré sûr d’être le seul à comprendre s’empare de moi. J’ai longtemps résisté, mais aujourd’hui j’y crois si sincèrement…] Il n’y a rien de pire pour moi que ce qui me hante tous les jours, que cette absence d’amour… Ce vide... Bien sûr… cette sensation indescriptible que je ressentais si profondément tout à l’heure… Oui, je n’osais me l’avouer, mais il revient sans cesse chaque jour, ne me laisse aucun répit.

Le moindre mot lié à l’amour me serre le cœur… [Et au moment où j’écris, je regarde Anastasia… Il y en a, donc…]

Je crois que la sensibilité ouvre à la plupart des gens les portes de l’amour. A moi, elle les ferme, car elle est trop entière, trop étouffante…

D’ailleurs, ça me rappelle « Dis maman, pourquoi je suis pas un garçon ?... » J’ai toujours eu un petit côté « sauvageon », et pourtant plus je grandis, et plus je deviens « fille »… Si au moins je me sentais femme…Mais ça n’est jamais arrivé. Pour cela il faudrait que je me trouve belle dans Tes yeux. Toi que je ne connais pas. Pas encore ?... Je ne sais pas… Mais j’aimerais tellement que Tu existes, Tu sais ?... Je T’attends, en tout cas… Toi qui est l’Unique à avoir le courage de sauver mon cœur de ce néant dans lequel il est plongé depuis trop longtemps...

...

[Am I Too Lost To Be Saved… ? Am I Too Lost ?...]

...

[Apprends-moi à T’aimer…]