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Et je suis jusqu'à la folie.

Rose [3]

Je la suis du regard, à travers la vitre embuée du café. Lorsque je ne peux plus la voir, je me tourne vers la table. Je bois une gorgée de café, lis l’énoncé de maths, une fois, deux fois. J’abandonne. Les larmes que je retenais depuis de si longues minutes coulent enfin. Je ne finis pas mon café, range rapidement mes affaires, paye et me dépêche de rentrer chez moi.

Une fois dans ma chambre, j’allume ma chaîne, et me jette sur mon lit. Je ne peux plus arrêter mes larmes, maintenant. La musique me transporte, mélancolique. Je repense à tout ce que Rose a vécu, et me rends compte à quel point j’ai pu être naïf. Je me suis toujours demandé si Rose n’avait pas un lourd secret, mais jamais je n’avais imaginé tout cela… Et je me suis montré exigeant, sec, stupide… ! J’aurais du être attentif, lui apprendre à se dévoiler peu à peu, ne pas la brusquer, toujours l’écouter. Au lieu de ça, elle a craché sa haine, et ça ne l’a pas aidée… au contraire, je l’ai confortée dans l’idée qu’elle se fait des hommes, avec mon égoïsme.

Mes genoux se replient contre ma poitrine, mes bras les enlacent, ma tête tombe lourdement. Je refoule un sanglot, réprime un cri de douleur. J’ai perdu Rose… J’ai tellement de mal à le croire. Las, épuisé, je m’endors.

Le lendemain, et les jours qui suivent, je ne peux l’approcher ; quand je tente de lui parler, son regard noir m’en dissuade. Elle m’en veut…

 

Non, Rose n’en veut pas à Simon, mais à elle-même. Elle se reproche d’avoir parlé, mais surtout de s’être attaché à Simon, de lui avoir fait confiance, d’avoir apprécié sa présence. Elle se reproche d’avoir cherché à le frôler, à le sentir… Elle s’en veut de l’aimer.

 

Comme tous les soirs depuis ce jour, je suis dans mon lit, et je réfléchis. Je cherche un moyen de parler à Rose, de lui montrer que certains humains sont bons, malgré tout. Je voudrais lui montrer que parfois on peut faire confiance, se blottir dans les bras de quelqu’un et se laisser aller, tout en sachant qu’on ne craint rien, que l’amour est possible et qu’il apaise les cœurs qui ont été passés de main en main. Je décide de lui écrire une lettre… pour m’excuser, lui dire qu’elle peut compter sur moi si elle veut parler, que je ne suis pas mauvais, que j’aimerais qu’elle me fasse un peu confiance. Lui dire qu’évidemment, il y a toujours des hypocrites, des menteurs, des imbéciles, mais que dans les vraies amitiés, on peut avouer à l’autre ses secrets, il les gardera précieusement et son épaule sera toujours là en cas de besoin. Que c’est une réciprocité extraordinaire, qui ne marche que si les deux sont d’accord.

Je lui ai envoyé ma lettre… je ne sais pas si j’ai bien fait, si je ne vais pas obtenir le contraire de l’effet escompté et la brusquer. Mais je ne dois pas regretter d’avoir pris le risque, car c’est ma seule chance et Rose est trop importante pour que je risque de la perdre en restant les bras ballants.

Rose doit recevoir ma lettre mercredi. Et quand j’arrive en cours jeudi matin, elle est absente. Vendredi aussi. Je n’ai plus qu’à attendre lundi. L’angoisse me sert le ventre, mais je n’ose pas l’appeler. Je me dis qu’elle doit réfléchir. Mais si elle n’est pas la lundi, je saurai que j’ai fait une bêtise…

Lundi matin, elle est là. A sa place, les yeux dans le vague. Quand elle me voit, elle sursaute. Des yeux, elle me salue. Je ne distingue plus de haine. J’attends avec impatience la fin du cours, qu’elle vienne me parler. Mais elle ne vient pas, ni après. Au déjeuner, je suis découragé, je ne regarde même pas en arrière et me dirige vers la cantine, le cœur gros.

 

Au début, Rose ne voulait pas lire la lettre de Simon. Elle allait la déchirer et la jeter, quand elle s’est dit que cela l’attristerait, alors elle l’a ouverte. Après la lecture, elle a beaucoup pleuré, et elle n’est pas allé au lycée pour réfléchir en paix. Elle avait décidé que le lundi elle irait parler à Simon, dès le matin. Mais lorsqu’elle l’a vu, elle a pris peur et n’a plus su quoi lui dire.

 

Je m’installe à une table lorsque je sens une main se poser sur mon épaule, et se retirer aussi vite. Je me retourne brusquement, et Rose est en face de moi. Elle a l’air de vouloir parler, mais je devine qu’elle ne sait pas comment s’y prendre. Je lui propose de s’asseoir, et nous mangeons  en silence. Lorsqu’on a fini, je relève la tête vers elle et dit :

-         Je te demande pardon.

Elle me regarde à son tour, me dévisage d’un air étonné, comme si c’est la première fois qu’elle me voit, et articule :

-         Tu n’as rien à te reprocher.

-         Je n’aurai pas du te forcer à parler.

-         Je l’ai fait parce que ça devait sortir. D’une certaine façon… (elle sembla hésiter) tu m’as aidée.

Je comprends que ça a été dur pour Rose d’admettre qu’un homme ai fait quelque chose de bien pour elle, je ne fais donc aucune réflexion. J’ajoute juste :

-         Maintenant, je ne te reprocherai plus rien. Si tu ne veux pas parler, ne dis rien. Tout plutôt que de voir ton doux visage empli de haine à mon égard.

Elle sourit.

-         Simon, je n’aurais pas dû m’emporter… Je sais que ma vision des choses est erronée, et que tous les hommes ne peuvent être mauvais, mais… c’est trop dur pour moi de vivre comme les autres. Ca me fait souffrir, tu sais… Seule, je suis protégée de la souffrance. Comprends-moi.

-         Mais… Je sais que ça doit être dur. Pourtant, tu le vois, moi… je ne te fais aucun mal, alors…

-         Ne place pas trop d’espoirs en moi. Cela ne peut te faire que du mal. Et je ne veux pas que tu souffres. Non, Simon, ne pleure pas. Regarde-moi. Tu dois me laisser du temps… Peut-être qu’un jour, je te ferai confiance. Mais je ne veux pas que tu passes à côté de ta vie en m’attendant…

-         Mais c’est toi ma vie !

C’est sorti tout seul, j’ai crié. Nos voisins de table se sont tournés brusquement, et Rose a rougit. Je baisse d’un ton.

-         J’en suis sûr… J’attendrai le temps qu’il faudra, mais s’il te plaît, ne me demande jamais de t’oublier. Promets-le moi.

Maintenant elle pleure aussi. Elle semble ne pas pouvoir se retenir. Entre deux sanglots, elle articule :

-         Je ne peux pas te promettre ça…

Je sais que j’ai toutes les chances de me faire rabrouer, mais je prends les mains de Rose. Elle ne bouge pas. Je lui dis :

-         Je t’aime… Est-ce que tu penses… qu’un jour tu pourrais m’aimer ?

Son visage se décompose, et elle prononce ces mots, dont je me souviendrai toujours.

-         J’ai beau lutter, je ne peux m’en empêcher…

Puis, enfin, elle dégage lentement ses mains, essuie d’un geste brusque ses larmes, prends son plateau et conclut d’un air qui se veut joyeux :

-         Bon, on va en cours ?!

 

Ecrit par Lissadell, le Jeudi 3 Mars 2005, 22:38 dans la rubrique "Things".



Commentaires :

  Dark-ever
Dark-ever
04-03-05
à 20:17

J'aime beaucoup... (que dire de plus?)

Bises

[Dark]


  Lissadell
Lissadell
04-03-05
à 22:30

Re:

Ca me fait un réel plaisir... Je te remercie.
Bises.
Lissadell...

  pierredelune
pierredelune
05-03-05
à 16:20

J'aime bien aussi... Y'aura-t-il une suite ?

  absente
absente
05-03-05
à 18:58

Re:

Bon ma question va paraitre bête...heuu tu l'as inventé? ou tu rapporte des faits réels^^ lol dans les deux cas c'est trés joli.

Bisous


  Lissadell
Lissadell
05-03-05
à 19:42

Re: Re:

Mais non ta question n'est pas bête Absente :-)
Oui, je l'ai inventé...
Bises.

  absente
absente
05-03-05
à 21:14

Re: Re: Re:

ok..c'est trés beau, jme reconnais dans cette Rose :(

  Lissadell
Lissadell
06-03-05
à 10:46

Re: Re: Re: Re:

Moi aussi je m'y reconnais, je l'ai un peu tirée de moi...
Merci de m'avoir lue !
Bises...

  Lissadell
Lissadell
05-03-05
à 19:41

Re:

Merci Pierredelune...
Je pense qu'il y aura une suite, oui.

  fee-cl0chette
fee-cl0chette
05-03-05
à 20:20

Comme à chaque fois, je suis toujours trés émue ....
C'est vraiment très beau. Rien d'autre à ajouter :)

  Lissadell
Lissadell
05-03-05
à 20:29

Re:

Merci beaucoup... :-)

  Songe
Songe
06-03-05
à 11:42

J'aime suivre les pas de Rose et Simon, ils sont touchants et j'attends toujours avec une certaine impatience de découvrir où les mènent ces pas timides qu'ils esquissent l'un vers l'autre ...

Grosses bises

Songe 


  Lissadell
Lissadell
06-03-05
à 14:39

Re:

Merci beaucoup Songe pour ce petit commentaire :-)
Bises !
Lissadell...

  lucie
08-03-05
à 21:32

Re: Re:

merci lissabell pr ce pur moment de bonheur en lisan cette mignifique histoire qui me touche profondement!!tu écrit vraiment très bien, tu fait vraiment resortir les émotions dans ton récit, jtrouve ca super!!

  lucie
08-03-05
à 21:33

Re: Re:

j'attend la suite avec une grande impatience!

  Lissadell
Lissadell
08-03-05
à 21:38

Re: Re: Re:

Merci lucie, ton commentaire et ton enjouement (ça se dit ?!) me font un immense plaisir !
J'essayerai de prendre plus de temps pour écrire la suite, cette fois...
Bises...



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