Du pinceau, elle esquisse un monde de couleurs et d’espoirs, un monde de voyages et de rêves. Elle sourit en peignant, comme si elle traversait le temps, comme si elle traversait le monde. Elle est si belle d’y croire, de s’accrocher à ses espoirs avec tous ces rires au coin des yeux.

Elle se promène et sur le chemin, elle croise le sourire d’un enfant, elle rayonne, elle salue une vieille femme.

Elle s’assied sur un banc, et observe paisible la terre tourner sans elle. Elle dévore des yeux toutes ces vies qui se croisent sans même se voir, elle se délecte des différences qui se heurtent avec douceur, elle surprend des regards tendres ou des gestes familiers. Elle vit à travers leurs yeux, à travers eux.

Et elle passe d’une vie à l’autre, sans transition. Elle imagine leur passé, et leur futur, elle joue à la vie, et elle ne s’en lasse pas.

Elle admire ce tableau mouvant des heures durant, le trouve plus beau que n’importe quel autre, car il se renouvelle sans cesse, il ne se fige jamais, à l’infini.

Quand vient le soir elle se lève d’un bond, et d’un bond se retrouve de l’autre côté, elle fait à présent partie des personnages du tableau.
Et elle sourit en pensant que peut-être quelqu’un l’a remplacée, sur son banc, et profite en spectateur de cette vie qu’elle aime tant.