Elle tangue un peu parfois, équilibre précaire,

Au bord de son trottoir sinueux, sans regarder derrière.

Les bras offerts au vide, c’est tout ce qu’elle peut donner.

Et encore, ils ne servent qu’à l’empêcher de tomber…

Regard concentré, lèvre mordue jusqu’au sang,

Elle ne veut pas perdre pied, elle continue droit devant.

Souvent elle croise les autres, ceux qui sont de côté, ceux-là.

Les étrangers, un peu, ceux qu’elle ne comprend pas.

Ses yeux deviennent brillants, d’un désir illusoire…

Un instant elle voudrait faire comme eux, se jeter dans l’espoir.

Oser, oser encore, se perdre et puis se tordre, mais vivre un peu.

Pourtant elle ne peut pas, non… Même si parfois elle veut.

Ca serait trop dangereux, tu sais, de se laisser aller.

Un risque à prendre, peut-être… Mais si ça l’achevait ?

Alors elle continue sur son fil invisible, aigrie de solitude,

Cherche à se persuader qu’elle s’en remettra, qu’elle a l’habitude.

Mais elle ne se résigne pas à faire ce bond de côté,

Celui qui changerait tout, qui métamorphoserait.

Peut-être attend-elle ce bras, celui qui d’un élan

L’entraînerait vers lui, la guiderait vers l’avant.

Un espoir dans son sombre quotidien, une étincelle.

Quelqu’un qui la réveillerait, la ramènerait à elle…

Une sorte de sauveur, qui aurait du courage pour deux,

Et n’hésiterait pas, si c’est pour la sauver, à la brusquer un peu.