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Et je suis jusqu'à la folie.

Rose [1]

Début d'une histoire que je continuerai au fur et à mesure, en fonction de mon temps...

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Elle s’appelle Rose. Elle est sauvage. Quand j’essaie de lui parler elle sort ses épines. Et elle sent bon, très bon. La fraîcheur. Je l’aime.

Depuis que je la connais, je l’aime. J’ai du lui parler deux fois. « Tu peux pousser ton sac, s’il te plaît ? » pour que je m’assoies à côté d’elle. Et « Je crois que la prof t’appelle » quand elle était perdue dans ses pensées… Elle m’a fixé à chaque fois d’un regard de braise. L’air de dire « Pourquoi ? Pourquoi tu t’intéresses à moi ? Pourquoi tu me parles ? »

C’est vrai, je suis le seul à me frotter à ses épines. Personne ne l’approche, ma Rose. Elle en veut aux humains, alors les humains lui en veulent… Moi, j’aimerais savoir ce qui se cache derrière ses yeux. Elle a l’air mélancolique. Elle ne veut pas en parler. Pourtant Rose n’est pas le genre passe-partout, qui essaie de ne pas se faire remarquer pour qu’on ne l’ennuie pas.

Elle s’habille de noir et de vert très sombre. Toujours. Et elle porte des bracelets et un collier noirs, avec des pics en métal. Ses cheveux sont d’un rouge foncé, tellement que les reflets sont noirs. Ses yeux, deux émeraudes, d’un ver pénétrant… Sa bouche est bien rouge, brillante. Un petit nez droit, jamais de sourire. Elle laisse flotter ses longs cheveux qui lui tombent juste au-dessus des fesses.

Rose ne traîne avec personne, seulement parce qu’elle n’en éprouve pas le besoin. Il y a moi, simplement, qui m’assieds à côté d’elle ; mais je ne la suis pas partout. Je ne veux pas la harceler… J’aimerais seulement qu’elle s’intéresse à moi.

-         Simon ?

Je me retourne, étonné. Oui, c’est bien elle qui me parle.

Je me tourne vers Rose, mon regard trahit ma surprise.

-         Pourquoi ?

Elle marque une pause.

-         Pourquoi tu t’intéresses à moi, comme ça ? Tu as pitié de moi ?... de me voir seule ? Je ne veux pas de ta pitié. Ma solitude est désirée. 

Elle parle lentement, sèchement. Je ne l’avais jamais entendu parler autant.

-         Pas du tout, je… j’ai juste envie de te connaître…

-         Pourquoi ?

-         Parce que ça doit être une expérience d’apprivoiser une rose sauvage. Je me sens attiré par toi depuis le début. Je veux dire…

Je rougis.

-         Pas attiré physiquement, même si… enfin… tu comprends ?

-         Non. Enfin… Oui, je comprends ce que tu veux dire. Je ne comprends simplement pas pourquoi. Mais… Simon, je ne peux rien te promettre. Je parle peu, je pense beaucoup, dans mon coin. Je suis égoïste. Si tu veux rester avec moi quand même, comme tu veux. Sache seulement que je ne me forcerais pas pour toi à… Parler, rire, où à t’aimer. Ta présence ne me dérange pas, ça ne va pas plus loin.

-         Merci. Ca me va.

Elle a soulevé un coin de sa lèvre, ça ressemblait à une grimace. En fait, c’était un léger sourire. Une moue ironique.

-         T’es bizarre. A-t-elle dit.

Alors moi aussi j’ai souri, timidement. J’étais content.

Le lendemain, je ne savais pas quelle attitude adopter. En arrivant le matin en cours, elle était déjà installée, au fond à droite, la tête inclinée sur le mur, sa main sur le radiateur. Sa place. Je me suis faufilé à ses côtés, je lui ai souri. Elle m’a regardé, puis a détourné le visage. J’ai eu peur qu’elle ne regrette notre conversation de la veille. Mais quand le cours a commencé, elle m’a souri, ses yeux ont brillé un instant d’une lueur ironique. Pendant les cours, elle ne suit pas. Elle dessine des paysages imaginaires, des fleurs, ou bien elle écrit de longs textes, des poèmes aussi. Quand elle n’a plus de place dans la marge du cahier ou sur la couverture, elle continue sur la table. Dans chaque salle où nous avons cours, il y a une table merveilleusement décorée avec des dessins et des mots. Même les personnes chargées de la propreté n’effacent rien. Par respect pour cette artiste qu’est ma Rose. L’artiste de l’ombre. Elle ne veut pas se faire connaître, ses dessins et ses textes sont le tremplin de son imagination. Ils sont trop personnels pour qu’elle les partage avec qui que ce soit.

Moi… je prends les cours. Ensuite je fais des photocopies, que je lui passe. Je crois qu’elle les lit, parce que ses notes ne sont pas catastrophiques… C’est stupide, mais ça me fait plaisir de l’imaginer tenir et lire des cours écrits de ma main. Oui, parce que je garde les photocopies pour moi, je lui donne les originaux. Ca l’amuse.

Chaque moment que je passe avec elle est inestimable à mes yeux. Je crains de le montrer, car si elle découvre combien je l’aime, je suis persuadé que Rose s’enfuira, apeurée. C’est vrai, c’est une fille sans attache, qui ne s’intéresse à personne… et me voilà qui débarque, je m’impose dans sa vie, je l’aime. C’est absurde, je sais. Mais je sais aussi que je m’en voudrais toujours si je passais à côté d’elle… elle est ma vie, j’en suis persuadé. J’ai dépassé ma timidité pour lui parler, pour pouvoir rester en sa compagnie. Mais parfois je me demande si j’ai bien fait… elle ne semble pas m’aimer ; j’avais le vain espoir qu’elle me remarque, qu’elle m’aime… mais pour elle je suis comme tous les autres, je ne l’intéresse pas.

Pourtant j’ai de l’espoir. Lorsqu’elle me souri alors qu’elle ne sourit jamais, je reprends courage. Quand elle me parle, je sens mon cœur battre plus vite.
Tout serait plus simple si Rose et moi parlions comme tous les autres de nos vies… Ma ça ne serait pas pareil. Il n’y aurait pas cette magie. A bien y réfléchir, moi non plus je ne lui dévoile rien de ma vie… c’est une relation étrange.

Elle dérange aussi. Mes amis « d’avant » me posent des questions sur « cette fille », comme ils l’appellent. Ils me demandent pourquoi je passe plus de temps avec elle qu’avec eux, alors qu’elle s’en fiche, de moi. Je ne peux pas leur expliquer, je passerais pour un fou, un sentimental. Aux yeux des garçons, c’est la pire insulte. Je n’ai jamais dit à mes amis qui j’étais vraiment, ils ne savent pas ce que je ressens, ils ne connaissent pas ma sensibilité. Ils ne me connaissent pas, les perdre ne me fait pas tellement de mal. Je suis persuadé que malgré son indifférence, Rose me perce déjà mieux qu’eux.

        

Ecrit par Lissadell, le Mercredi 15 Décembre 2004, 20:23 dans la rubrique "Things".





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