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Et je suis jusqu'à la folie.

Deuxième histoire en marge de cahier
" Une chanson douce
Que me chantait ma maman
En partant en douce
Elle m'a réduite au néant"
Ca fait dix ans
Q'un matin d'avril
Elle est partie comme toujours
Un baiser sur ma joue
Un sourire tendre
Une main dans mes cheveux
J'avais six ans
Je souriais
Je lui ai dit "A tout à l'heure"
Elle ne m'a pas répondu
Elle m'a serré dans ses bras
Et depuis je suis perdue.
Le soir mon père
Est allé me chercher
Il n'était jamais venu
J'ai demandé ou était maman
Une grosse larme a coulé
Sur sa joue piquante, pas rasée
Pendant une semaine
Je l'appelais dans mon sommeil
Je criais son nom
Je posais pleins de questions
Papa ne répondait jamais.
Au bout de quelques mois
Je ne dormais plus
Mais je ne parlais plus
Mon père et moi
Vivions que tous les deux
Chacun dans notre bulle
Plus de communication.
Aujourd'hui c'est son anniversaire
Ca fait dix ans
Que je n'ai pas parlé
Pas ouvert une seule fois la bouche
Protégée par mon mutisme
Je n'ai eu aucune question
Mais je n'ai pu en poser.
Aujourd'hui est un jour spécial.
Une décennie sans un mot
Sans une explication
Mon père m'a prise sur ses genoux
Et il s'est mis à parler
Sa voix m'a étonnée
Je ne la connaissais plus
Dix ans à rattraper
Il a parlé pendant des heures
Je l'ai écouté en silence
Jusqu'à ce qu'il parle de maman
Qu'il me raconte son sourire
Et leurs rêves d'antan
On en est venu au jour
Où elle est partie
Je ne savais rien
Il m'a dit sa maladie
Ses souffrances
Ses cachoteries
Sa mort discrète et mystérieuse
Pour ne pas que je souffre.
J'ai pleuré tout ce que j'avais
Mais ça n'a pas suffit
Ma mère s'est trompé
J'aurais préféré la savoir morte
Que d'avoir cru
Qu'elle ne m'aimait plus
Qu'elle était partie
Pour ne plus nous voir.
J'ai dit "Papa !"
Et l'ai serré dans mes bras.
Ecrit par Lissadell, le Samedi 27 Novembre 2004, 13:18 dans la rubrique "Things".



Commentaires :

  Petitpétale
27-11-04
à 15:13

Lissadell,
souvent les grands
ne savent pas comment
préserver les enfants
tout en se préservant

Souvent les grands
ne sont si géants.
C'est le coeur grand
Qu'il te ment

Souvent petite
On se précipite
comme mille pépites
de gros graphites

Souvent petite
On ne sait pas ce que les grands vivent. Souvent petite on ne veut qu'être protégée sans comprendre qu'ils ont voulu se protéger.

Le grands ne sont pas si adultes que ça quand il s'agit d'anfant.
Le silence est pire que les mots. Mais si facile.
Il a dû en avoir de la douleur de ne pas pouvoir te dire son coeur.
Il a dû en avoir de la force ne pas devenir féroce.

Dommage tu as l'impression que 10 ans sont passés dans l'illusion. Tu ouvres tes yeux enfin. On t'ouvre les yeux enfin. Mais ce n'est pas la fin. Juste le début.
Ta mère tu l'as reconnue dans les mots de ton père. tu l'as retrouvée au lieu de la perdre pour toujours.

Si les larmes en pluie de cristale tombent alors fait en un collier porte bonheur...

C'est enfin grand ce que tu vis. c'est enfin temps que tu vives...

Bon courage mais surtout belle vie ma belle chérie...

  Lissadell
Lissadell
28-11-04
à 11:49

Re:

Merci Petitpétale pour ce très joli commentaire... :-)

Mais je suis stupide, j'aurais du préciser que c'était de la fiction... C'est vrai j'ai écrit ce texte à la première personne mais ma mère à moi est bien vivante ; tiens, ça va me faire culpabiliser ça... :-s
Bon, la prochaine fois je penserai à préciser.
Mais je pense que ce que j'ai raconté a du déjà être vécu...

Je t'embrasse !
Lissadell



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