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Et je suis jusqu'à la folie.

"Le Peintre et sa famille", d'André Derain.
Inspiré de.
Le personnage principal est la servante, cachée derrière la tenture.
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J'étais là, à demi cachée par le lourd rideau noir, mon plateau à la main et j'écoutais ce que disaient mes employeurs. Je ne sais pas pourquoi je les épiais ainsi, mais je ne pouvais bouger et retenais mon souffle. Mon maître était en train de peindre. Cela faisait des mois qu'il y travaillait. C'était un perfectionniste, j'avais pu le constater : il n'était jamais tout à fait satisfait de son travail. Il trouvait toujours qu'il "manquait quelque chose", comme il le répétait souvent. Moi, je trouvais déjà cela beau à ce moment-là. Mais c'est vrai qu'après qu'il ait fait quelques retouches, à chaque fois le tableau était le même, mais avec une dimension en plus. Il avait maintenant une âme, et c'est à ce moment qu'on peut dire : "voilà, c'est fini". Tout ça, je ne le savais pas avant de travailler ici. Je ne l'imaginais même pas.
Derrière mon maître, sa fille. Elle tient son petit chien dans ses bras, celui qu'elle a trouvé dans la rue. Elle aime beaucoup les animaux. D'ailleurs, elle aussi peint, mais presque que des bêtes. Elle a beaucoup de succès, mais personnellement je pense que si elle ne change pas de thème, elle va bientôt ennuyer les gens (mais qui se soucie de l'avis de la bonne ?)
De l'autre côté de la table, il y a la maîtresse. Elle lit, je crois. Ces mains sont cachées, mais je le vois à sa tête courbée en avant et son air sérieux. Elle passe son temps à lire. Je n'ai jamais vu ça autre part. Elle semble très absorbée par sa lecture. Dans ces cas-là, j'en ai déjà fait l'expérience, il ne fau pas la déranger, car après elle est de bien piètre humeur. Mais je n'ai pas à me plaindre : elle est très bonne avec moi.
De là où je suis, je ne vois que la tête du paon dépassant de la table. Et à en juger par le bruit qu'il fait, le chat ne doit pas être loin. Ils n'arrêtent pas de se battre, ces deux-là. Quand j'y pense, la famille possède beaucoup d'animaux. Il y a aussi le drôle de perroquet perché sur le chevalet du Peintre. Quelle idée, quand même, de posséder un paon et un perroquet, en ville ! L'excentricité de mes maîtres m'amuse. C'est bête à dire, mais il faut être riche pour être excentrique. Comme pour être peintre, ou lire, ou simplement s'évader un peu du monde matériel... Moi, je ne suis pas riche. Je n'ai pas les moyens de m'évader. Mais je le fais quand même, clandestinement. Et ces moments-là n'appartiennent qu'à moi.
Ecrit par Lissadell, le Mardi 7 Septembre 2004, 22:30 dans la rubrique "Things".





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