Amitié.

20/05/04

Chez Louise. Louise, Marine et Paul.

Louise. - Bon... Maintenant, on fait quoi ?

Marine. - Si on allait se promener ? Ton jardin est grand.

Louise. - Ok. Euh... ça te va, Paul ?

Paul. - J'ai cru qu'on ne me poserait pas la question. Mais rassurez-vous, ça me va.

Dans le jardin. Ils marchent.

Marine. - C'est beau, chez toi. Beau comme...

Paul. - Comme la vie ?...

Louise. - Vous trouvez la vie belle ?

Marine. - Bien sûr !

Louise. - Tu dis ça comme si... Comme si c'était évident.

Paul. - Ca ne l'est pas, alors ?

Louise. - Pas pour tout le monde. Ou plutôt...

Marine et Paul, en choeur. - Oui ?

Louise. - La vie est sans doute belle. Mais tout le monde ne sait pas l'aimer.

Paul. - Comment peut-on ne pas aimer la vie ?!

Marine. Oui, je ne comprends pas.

Louise. - Quand on n'en voit pas l'intérêt, quand on n'en comprend pas le sens, ...

Marine. - Le sens ? Pourquoi te faut-il un sens ?!

Louise ( imperturbable). - ... quand on se demande pourquoi il y a la guerre, des gens qui meurent de faim. La haine, le mal, les meurtres, les viols, les injustices...

Paul. - Tu vois tout en négatif ! Si on pensait tous comme ça... tout le monde serait malheureux !

Louise (s'échauffant). - Ou alors, tout le monde y mettrait du sien pour améliorer la vie.

Marine. - Oh là ! Calmez-vous ! Paul a raison, Louise, il ne f...

Louise (explosant soudain). - Non, il n'a pas raison. Il n'a pas raison. Il faut être réalistes, mes amis ! Le monde ne fait qu'empirer, les hommes deviennent égoïstes : les riches ferment les yeux sur le malheur des autres. Et vous, vous faites comme eux.
Mais la vie, c'est quoi ? Un savant mélange de bien et de mal, un peu de gentillesse, une goûte de perfidité... Et dans tout ça, les gens sont heureux. Mais comment pouvez-vous l'être ?

Marine. - Regarde autour de toi ! C'est si beau ! Et vois les gens qui t'aiment, qui tiennent à toi ! N'est-ce pas suffisant au bonheur ?

Louise (froidement). - Non.

Paul. - Alors, que tu faut-il de plus ?

Louise. - Je ne sais pas. J'en veux toujours plus. Je veux quelque chose de différent. Je veux un sens.

Paul (pour ne pas l'énerver, doucement). - Mais pourquoi un sens ? Est-ce vraiment utile ?

Louise. - Pour moi, oui. Ca l'est. C'est vital. Je veux dire... je pourrais aimer la vie, apprendre à le faire. Mais j'aurais toujours ces moments de doute, ou je n'en trouverai pas le sens, et ça me perturbera.

Marine (soupirant d'incompréhension) - Pourquoi es-tu si compliquée ?

Louise. - Ce n'est pas moi qui l'ai voulu. Je suis comme ça. Pourquoi es-tu si niaise ? Ma question n'a aucun sens, tu n'as pas fait exprès.

Paul. - Louise ! Comment peux-tu être si méchante ? La pauvre Marine.

Louise. - Enfin, Paul, ne nie pas qu'elle est niaise. Ca fait cinq ans que je la connais, elle a toujours été niaise. Mais c'est la première fois qu'elle ne cherche même pas à me comprendre.

Marine. - J'en ai marre. J'm'en vais. Tu as vu comment tu es, avec moi, Louise ?

Louise. - J'ai surtout pensé, dis et ensuite entendu. Mais ce n'est pas méchant, pas vraiment. Ne m'en veux pas.

Paul. - C'est trop. Avant que tu ne me dises ce que je suis moi aussi, je préfère partir avec Marine.

Marine et Paul partent. Louise se tourne vers eux alors qu'ils sont à 20 mètres.

Louise. - Toi, Paul, c'est différent : tu es lâche !

Paul fait mine de ne pas entendre, mais Louise sait qu'il a entendu. Louise reste seule, s'assoit sur une souche, un sourire aux lèvres.

Louise. - Qu'est-ce qu'on ferait pas pour un peu de solitude. Et pourtant, c'est tellement vrai ce que j'ai dit. Pourquoi les personnes que je croyais être mes meilleurs amis ne me comprennent même pas ? Ou plus ? Non, ils ne m'ont jamais comprise.

De toute manière, un ami, ça n'est là que pour les intérêts que pourrait avoir l'amitié de l'autre.

Ecrit par Lissadell, le Mercredi 2 Juin 2004, 16:32 dans la rubrique "Things".

Songe

23-06-04
à 10:20

Je suis toujours surpris quand je viens ici d'y trouver comme quelque chose de familier dans les interrogations, dans le regard porté sur la vie et les choses ...

Bien sûr ce sont des questions qui préoccupent et hantent tant de ceux qui m'entourent mais elles ne sont pas posées pareillement par chacun d'eux. La façon dont tu les exprimes me semble presque naturelle, réaliste, lucide au regard des hésitations, mécompréhensions, raccourcis ou affirmations que je vois fleurir deci delà ...

Quand tu parles de solitude et que je regardes la photo à droite je sens cette saveur si spéciale, amère et douce, de ces moments de pleinitude esseûlée ... préférer être seul que de voir sa solitude mal accompagnée ...

(Cette image me fascine vraiment par l'émotion qu'elle suggère, la finesse du contraste des sentiments et de la nature environnante)

Bises

Songe

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